L’entrepreneuriat féminin en Algérie : histoire et évolution

ETIC Club
4 min readNov 10, 2021

Saviez-vous que l’Afrique compte le plus grand nombre de femmes entrepreneures ? Avec un pourcentage de 24%, elle dépasse l’Amérique latine, l‘Amérique du nord, l’Europe et l’Asie. Il est cependant à noter que cette statistique diffère d’un pays à un autre : plus particulièrement, en Algérie, les femmes ne représentent que 6% des entrepreneurs. Comment expliquer cet écart ? Et quels sont ses tenants et aboutissants ?

Nous nous étendons ici, à l’occasion de la Global Entrepreneurship Week, sur l’histoire de l’entrepreneuriat des femmes algériennes et de ses femmes entrepreneures, ainsi que sur les enjeux de ce défi en voie d’être relevé.

Un peu d’histoire

Il faut tout d’abord préciser que la question du genre dans l’entrepreneuriat est relativement récente, même à travers le monde : ce n’est qu’en 1975, avec la conférence internationale de Mexico sur le statut des femmes, que les Nations Unies définissent comme objectif l’intégration des femmes dans le développement. Il faudra attendre encore 15 ans pour que les facteurs sociaux soient pris en considération dans la création de stratégies de développement plus égalitaires en termes de genre.

Pourtant, les graines de l’entrepreneuriat féminin en Algérie sont semées dès l’indépendance : le chômage endémique a poussé les femmes dans le monde des affaires, et le gouvernement de l’époque a vite oeuvré à la mise en place d’une politique progressiste avec pour objectif de garantir la place de la femme dans l’activité socio-économique du pays, à travers l’accès à l’éducation et aux mêmes opportunités que les hommes.

Ce qui a causé une rupture entre la femme algérienne et la sphère publique, le monde du travail et de l’entrepreneuriat malgré ces débuts encourageants, c’est la guerre civile et ses conséquences. Aujourd’hui, avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’algériens et algériennes dans le marché du travail, le pays et son activité socio-économique se remettent peu à peu de ce traumatisme.

Histoire de réussites

De nombreuses femmes algériennes sautent aujourd’hui le cap en se lançant dans l’entrepreneuriat, souvent poussées par un désir d’indépendance et d’autonomie. Elles réalisent ainsi leurs projets, symboles de rêves devenus réalité. Cette semaine est aussi l’occasion de célébrer la réussite de nos concitoyennes entrepreneures et de louer leur courage, leur détermination et leurs efforts incessants qui leur ont permis d’atteindre cette réussite.

Sara Nadia MEHCHEM, notre inspiration pour cet article, représente cette réussite. Experte et pionnière du Social Média management en Algérie, communicante passionnée par son métier, elle a tenté l’expérience entrepreneuriale en 2014 en co-créant “Oxymuse”, une agence dans le Social Media et le Brand content qui, aujourd’hui avec plus de 7 ans d’existence, accompagne de nombreuses entreprises et marques dans l’élaboration de stratégies Social Media et Community management ! En 2016, elle se lance dans la création du site “FluideSocial.com”, un refuge d’informations consacré à l’univers des réseaux sociaux, toujours à l’affût des dernières nouveautés sur ces plateformes web. Madame MEHCHEM reste très proche de sa communauté sur les réseaux sociaux comme Instagram et Tiktok, où elle partage sa vie et sa passion pour son métier et les réseaux sociaux.

Leila BENYOUCEF, fondatrice de la startup Kiddy Sorties, représente elle aussi la réussite de la femme algérienne dans l’entrepreneuriat : étudiante en médecine dans sa jeunesse, elle abandonne ce cursus pour un BTS en management des unités commerciales puis en commerce international, puis un master en Marketing dont elle est passionnée. Sa soif de nouveaux défis se poursuit durant sa carrière professionnelle, et lui est souvent reprochée par les recruteurs. À l’occasion du Global Startup Weekend organisé par Google en 2018, elle découvre l’univers des startups et se base sur ce modèle pour fonder Kiddy Sorties, un guide de sorties de loisirs et divertissements pour les enfants et leurs parents, lauréat du projet Women In Africa 54 et finaliste du concours “Supernova Future Stars Women in Technology”.

Un défi à surmonter

Pour les femmes en Algérie comme partout dans le monde, et peut-être même davantage, réussir dans l’entrepreneuriat reste un défi à surmonter. Parmi les difficultés majeures, il y a notamment la lourde responsabilité de concilier vie de famille et travail, qui est l’un des principaux challenges des femmes entrepreneurs au niveau international. Les entrepreneures algériennes rencontrent aussi pour la plupart des difficultés à trouver du financement pour leurs projets. Le soutien moral fait lui aussi souvent défaut, avec de nombreuses entrepreneures qui rapportent une désapprobation d’une partie de la société quant à leur activité. De manière plus générale, l’absence d’un système d’information efficace permettant de développer l’esprit d’entrepreneuriat, à travers la diffusion de formations et d’opportunités diverses de développer son réseau est aussi un facteur important.

Cependant, malgré ces nombreuses difficultés, grâce à des initiatives courageuses telles que celles de mesdames Sara Nadia MEHCHEM et Leila BENYOUCEF, le pourcentage de femmes entrepreneures en Algérie ne cesse d’augmenter, ce qui reste encourageant pour l’avenir de cet enjeu clé.

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